L’investissement dans le système éducatif libanais est plus urgent que jamais, suite aux années de crises cumulées qui ont provoqué une détérioration majeure de l’accès à l’éducation et contraint de nombreuses familles à prioriser les besoins fondamentaux au détriment de l’éducation.
Un enfant sur trois est déscolarisé et n’apprend pas ; les enfants les plus marginalisés sont en retard par rapport à leurs pairs ; et de nombreux enseignants ne reçoivent pas le soutien dont ils ont besoin.
Le renforcement du secteur de l’éducation exige une volonté politique, du courage et une vision, mais il apportera des dividendes considérables, contribuant ainsi à bâtir une génération équipée pour participer à la prospérité et à la stabilité du pays.
L’éducation et l’apprentissage sont au cœur de l’avenir du Liban. Chaque enfant, nonobstant de sa nationalité, de son genre ou de son statut légal, doit avoir accès à une éducation de qualité et inclusive.
Pour y parvenir, nous devons placer les enfants et les jeunes au centre des efforts de réforme visant à améliorer le système scolaire public, en particulier pour les enfants actuellement non scolarisés.
Nous devons nous assurer que les écoles développent les compétences fondamentales en littératie, en numératie, ainsi que les compétences de vie et les compétences professionnelles nécessaires pour l’apprentissage, le travail et la vie.
Le Fonds pour l’éducation à la transition et à la résilience (Transition and Resilience Education Fund (TREF)), une initiative du Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement Supérieur bénéficiant d’un parrainage multinational et mise en œuvre en coordination avec l’UNICEF, est un outil essentiel pour atteindre ces objectifs. Depuis 2022, le TREF vise à améliorer la gouvernance et l’efficacité du système éducatif, garantissant à terme que plus d’enfants restent plus longtemps à l’école et apprennent davantage.
Même dans les périodes les plus sombres, durant la crise économique et l’intensification meurtrière du conflit transfrontalier en 2024, les réalisations du TREF ont démontré que le Liban a la capacité d’approfondir les réformes en matière d’équité et d’inclusion, d’enseignement et d’apprentissage, de gouvernance et de rentabilité.
Malgré les progrès accomplis, le pays est toujours confronté à une crise de l’éducation et de l’apprentissage sévère, mais non insurmontable. Y remédier nécessitera:
- Scolariser tous les enfants et leur permettre d’apprendre.
Nous devons atteindre le demi-million d’enfants estimés qui sont déscolarisés et n’apprennent pas. Cela implique d’aider les enfants à acquérir les compétences en littératie et en numératie nécessaires à l’apprentissage, et de faciliter leur transition vers l’éducation formelle. Cela signifie également s’assurer que chaque école est inclusive, en particulier pour les enfants ayant des besoins spéciaux.
- Établir un objectif d’apprentissage et mettre en œuvre des programmes d’enseignement et d’apprentissage fondés sur des données probantes.
Nous devons mesurer les progrès vers l’amélioration de la performance du système éducatif. La fixation d’un objectif d’apprentissage que tous les enfants, enseignants, écoles et partenaires du Liban peuvent soutenir contribuera à garantir le succès.
- Définir une vision pour les enseignants du Liban.
De nombreux enseignants ont cherché des emplois mieux rémunérés à l’étranger, la crise économique ayant réduit drastiquement leurs salaires et aggravé leurs conditions de vie. Les enseignants restés au Liban sont une pierre angulaire de la société ; nous devons les soutenir et les motiver.
- Plaider en faveur de l’investissement dans le système scolaire public libanais. En augmentant son financement pour les écoles et en allouant un soutien basé sur leurs besoins, le Liban peut manifester son engagement envers l’éducation pour les enfants, les enseignants et les établissements. Aider les écoles à élaborer des Plans d’Amélioration Scolaire, des budgets annuels et à collecter des données sur la fréquentation et les résultats d’apprentissage motivera les partenaires nationaux et internationaux à défendre les avantages des écoles publiques libanaises pour les enfants et pour l’avenir du pays.
L’incapacité à répondre correctement à la crise éducative libanaise aurait des conséquences désastreuses, transformant les enfants d’aujourd’hui en une « génération perdue » avec un faible potentiel de gain, augmentant la pauvreté et l’inégalité, et réduisant le capital humain ; ce qui pourrait, à son tour, conduire à davantage d’instabilité.
Afin de réussir, le Gouvernement doit continuer de prioriser l’éducation dans son agenda politique et doit continuer à s’engager à fournir le financement public requis, afin que tous les enfants au Liban, quelles que soient leurs circonstances, bénéficient d’un enseignement et d’un apprentissage de qualité, dispensés par des enseignants motivés.
L’UNICEF est déterminé à continuer de travailler avec le Gouvernement pour promouvoir une éducation de qualité et inclusive, et exhorte toutes les parties prenantes à joindre leurs efforts pour renforcer le système éducatif.
L’avenir des enfants du Liban, et celui du pays lui-même, est en jeu. L’échec n’est pas une option!
