Home ÉditorialMessage sans équivoque

Message sans équivoque
FRAREN

by Yasser Akkaoui

Meilleure alliée d’un politicien corrompu : l’asymétrie d’information. Nous en sommes à mi-parcours de l’administration Aoun‑Salam, et la confiance dans ce qui fut jadis salué comme une ère d’espoir et de changement ne cesse de s’éroder. Nous voudrions croire que le gouvernement est guidé par une stratégie solidement articulée, née d’une coordination de haut niveau entre ministères et adossée à un plan directeur répondant aux attentes du public. Un tel plan traiterait des réformes structurelles, de la reconstruction, du développement des infrastructures et, point crucial, de la reconnaissance de la responsabilité de l’État envers les déposants. Pourtant, le ton, las, déçu et sceptique, qui se dégage de ce numéro reflète de plus en plus les critiques que nous avons formulées à l’égard des administrations passées.

Le 19 juin, la Banque mondiale a projeté pour 2025 une croissance de 4,7 pourcent en termes réels pour le Liban, signe d’un optimisme prudent. Mais cette perspective repose largement sur le tourisme et la consommation, avec des afflux de capitaux limités. Nous attendons toujours de connaître des plans permettant d’investir dans des entreprises publiques dysfonctionnelles ou de libérer le potentiel d’entreprises prometteuses grâce à l’accès au capital et aux marchés. L’investissement n’est-il pas le préalable à la croissance et à la prospérité économiques ?

Nous reconnaissons l’impact des violations militaires en cours contre notre pays et la nécessité d’affirmer l’autorité de l’État. Mais nous sommes également convaincus que le gouvernement peut, et doit, faire mieux en ce qui concerne d’autres priorités qui touchent à notre résilience et à nos moyens de subsistance. La souveraineté signifie aussi défendre notre système de santé, nos retraites, notre sécurité alimentaire, nos industries, notre énergie, notre éducation et notre environnement.

À tous ces égards, le secteur privé libanais a, encore une fois, démontré sa capacité de leadership. Il s’impose comme un moteur clé de la reprise économique, offrant une alternative proactive aux réformes gouvernementales au point mort. Si le gouvernement demeure central dans la mise en œuvre des politiques, il se montre de plus en plus oublieux de son rôle. Les initiatives du secteur privé contribuent à façonner l’agenda des réformes et à reconstruire la confiance du public. Les groupes de plaidoyer au sein du secteur privé promeuvent des réformes en matière de politique fiscale, d’efficacité administrative et d’équité sociale, des efforts qui complètent les appels internationaux en faveur d’un changement structurel et s’alignent sur les recommandations de la Banque mondiale.

Pendant ce temps, le gouvernement continue de s’appuyer sur un modèle extractif, taxant un secteur formel affaibli pour équilibrer ses comptes, souvent au détriment de la pérennité des entreprises, de la création d’emplois et de la création de valeur.

Soyons clairs : les économies ne sont pas gérées par les seuls ministères des Finances et de l’Économie. Elles résultent de stratégies et de visions économiques collectivement coordonnées qui optimisent la productivité des ressources nationales. D’ici là, la distance entre le gouvernement et la société continuera de se creuser, et notre combat pour le Liban que nous voulons se poursuivra.

Ce n’est que lorsque nous, l’ensemble des parties prenantes de ce pays, disposerons d’une vision transparente et unifiée que nous pourrons avancer vers l’avenir dont nous avons si désespérément besoin.

Pour contribuer modestement à la transparence et à l’action coordonnée, Executive Magazine sera désormais disponible en deux langues supplémentaires : l’arabe et le français ; nous permettant de cibler un public plus large et de collaborer avec un vivier plus vaste de talents journalistiques.

✅ Registration successful!
Please check your email to verify your account.